«J’ai refusé de sortir du quartier disciplinaire à cause des menaces que m’a faites le lieutenant. […] Je ne sortirai jamais [du QD]. […] Vous êtes mon dernier recours, j’en peux plus. On dit que "nul n’est au-dessus des lois", je pense que c’est pas le cas.»
Mourad, le détenu qui a envoyé, en février 2010, ce courrier à l’Observatoire international des prisons (OIP) avait raison. Pendant de longues années, treize surveillants et cadres de la prison de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) ont été au-dessus des lois.
Coup de tête. Hier, l'OIP a rendu public un rapport confidentiel de l'Inspection des services pénitentiaire de mars 2011. Après cinq mois d'enquête et 80 auditions, l'Inspection a produit 150 pages démontrant des humiliations, des chantages et des violences : entre avril 2009 et juillet 2010, 17 détenus ont témoigné de violences - attestées, certificat médical à l'appui, pour quatre d'entre eux.
Ces comportements sont «l'expression manifeste d'une perte de repères professionnels» et «déontologiques», note l'Inspection : «A l'évidence, ont été perdues de vue les dispositions du code de procédure pénale qui impose qu'"à l'égard de toutes personnes qui lui sont confiées par l'autorité judiciaire le service public pénitentiaire assure le respect de la dignité inhérente à la personne humaine".» L'administration pénitentiaire n'avait pas, hier soir, répondu aux sollicitations de Libération.
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