Il attend à l'entrée du champ, droit campé. Derrière Samson Payen, pasteur de l'église évangélique tsigane, plusieurs rangées de grandes caravanes blanches, réparties dans un grand champ d'herbe et de boue séchée. Une immense marmite bout sur un réchaud, une bonne odeur de légumes mijotés s'en échappe. Des hommes et des femmes sourient en saluant, des enfants se jettent sur le visiteur : «Comment tu t'appelles, tu fais quoi, tu as vu ma robe comme elle est belle ?»
Pour une première visite dans ce campement de gens du voyage installés à l'entrée de Lumigny (Seine-et-Marne), l'accueil est plus que chaleureux. «Pourtant, soupire Samson Payen, on est encore sous le choc.» L'œil noir de certains anciens le confirme : «De ma vie, je n'avais jamais vécu une chose pareille, s'indigne l'un. Des gens qui vous font le salut nazi. Qui vous disent : "Hitler n'en a pas brûlé assez".»
Alarme. Ce «déferlement de haine», qui les conduit aujourd'hui à déposer une plainte inédite pour «atteinte à la liberté individuelle par une personne dépositaire de l'autorité publique», remonte au 23 mai. Il y avait environ 150 caravanes, en file indienne le long de la route, sur le point de s'installer dans un parc d'une autre commune de Seine-et-Marne, Montévrain, (8 765 habitants). La police municipale les arrête, le directeur de cabinet du maire se gare en travers de la chaussée. Les gens du voyage sorten