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reportage

«Dans ce wagon, il y a sûrement des enfants…»

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Déraillement d'un train à Brétigny-sur-Orgedossier
Scènes d’horreur vendredi soir à la gare de Brétigny-sur-Orge.
publié le 12 juillet 2013 à 22h26

C’est une odeur âcre de brûlé qui prend à la gorge. Celle des patins du train Teoz 3657 qui ont été mis à rude épreuve. Sur la voie défoncée de la gare de Brétigny (Essonne), trois wagons couchés sur le flanc forment un incroyable dédale de fer et de plastique calciné. Partout, des cailloux jonchent le sol, éjectés jusque sur les habitations par la force de l’impact. Debout sur les fenêtres d’un wagon, un sapeur-pompier hurle. Mais personne ne répond.

Pour les secours, l'urgence est de trouver des «voies d'évacuation» pour extraire d'éventuels survivants. Devant la résistance de la tôle, un gradé s'énerve : «Passez-moi la tronçonneuse, vite, vite.» D'un coup, un panache d'étincelles jaillit. Puis un autre. Le gradé crie en direction des amas de ferraille : «Y a-t-il des blessés, y a-t-il des blessés ?» Les talkies-walkies crachent des consignes alarmantes : «Il faut aussi tenter de désincarcérer le wagon de derrière, il y a sûrement des enfants dedans.» Par une fenêtre, on distingue des valises, une peluche, et une bouteille de vin brisée.

Badauds. A 16 h 53, au départ de la gare Paris-Austerlitz, le train avait le goût des vacances, vingt-deux minutes plus tard, il prend celui du chaos. Dans le ciel couchant, une multitude d'hélicoptères à très basse altitude confère aux lieux des airs d'apocalypse. Les fenêtres des immeubles jouxtant la gare sont peuplées de badauds. Certains interpellent les journalistes pour