Neurologue, Olivier Véran, chargé par le Premier ministre d’un rapport sur la filière du sang, vient de rendre sa copie. Il pointe un manque de pilotage.
Dans le rapport que vous venez de remettre, vous dénoncez une sorte d’hystérie sécuritaire…
Je ne parle pas d’hystérie sécuritaire. Ce qui m’intéresse, c’est que le principe de précaution soit efficace et adapté. Trente ans après le scandale du sang contaminé, les données ont évolué, la science a bougé. Il est important, aujourd’hui, de réinterroger les critères de sécurité sanitaire. L’objectif est d’arriver au meilleur principe de précaution pour les receveurs et les donneurs. Or, aujourd’hui, il y a un certain nombre de ces critères qui peuvent être revus. Exemple : nous sommes le seul pays au monde à retirer les lots quand il y a suspicion d’un cas de maladie de Creutzfeld-Jakob sporadique, alors qu’il n’y a jamais eu le moindre cas de contamination établi. En plus, on n’exige pas cette précaution dans les médicaments que l’on importe. Absurde, non ?
C’est dans cet esprit que vous proposez de ne plus interdire le don du sang aux homosexuels.
Ce qui est en cause, ce n’est pas l’orientation sexuelle, mais les pratiques. Je le sais, le don n’est pas un droit, mais il ne doit pas être pour autant une source d’exclusion ou de stigmatisation. Il y a des homosexuels qui n’ont aucune pratique à risque, et je ne vois pas pourquoi ils ne pourraient pas donner leur sang. D’autant qu’il y a la fenêtre de quarante jours qui permet de s’assurer qu’il n’y a pas eu de contamination. Et puis il faut quand même noter que la moitié des contaminations découvertes à l’occasion d’un don du sang relèvent de personnes se décla