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Henri Alleg, l’éternelle «Question»

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Le militant communiste, mort mercredi à 91 ans, avait révélé dans un livre l’ampleur de la torture en Algérie.
L'écrivain et journaliste franco-algérien Henri Alleg, en juillet 2005, à Paris. (Photo Franck Ferville. Vu)
publié le 18 juillet 2013 à 22h06
(mis à jour le 19 juillet 2013 à 11h22)

Certains héros sont modestes. C'était le cas d'Henri Alleg, qui vient de disparaître mercredi, à l'âge de 91 ans, si discret qu'on croyait que le héros avait déjà quitté ce monde. Un «simple» militant communiste jusqu'à la fin. Et pourtant la Question, le récit de sa torture par ses concitoyens, des parachutistes français, a bouleversé la France en pleine guerre coloniale. A un tournant de l'histoire, en 1958, quand de Gaulle revient au pouvoir.

Henri Alleg - son pseudo dans la résistance - est né en 1921 Henri Salem, fils de juifs polonais de gauche. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il part à Alger, et y reste, à la tête du journal communiste l'Alger républicain. Communiste, donc complice des «terroristes», son journal est interdit un an après le début de l'insurrection algérienne.

Baignoire. Le 12 juin 1957, il est arrêté avec Maurice Audin, jeune professeur de maths chez qui il habite, et ils sont tous deux emmenés dans l'infâme centre El-Biar. La torture n'est pas officielle, mais «justifiée» par la nécessité, comme toujours, de recueillir des informations pour faire échouer des attentats meurtriers. La torture des paras est couverte par les gouvernements successifs, les socialistes Guy Mollet - qui a succédé à Mendès France - ou François Mitterrand, ministre de l'Intérieur puis garde des Sceaux. On parle de «bavures».

Henri Alleg sera donc torturé pour «avouer». A l'électricité - la fameuse «gégène» -, plongé dans