Le journaliste et militant communiste Henri Alleg, qui fut l'un des premiers à dénoncer la torture pendant la guerre d'Algérie dans un livre-choc, saisi au lendemain de sa parution, La Question (1958, éditions de Minuit), est mort mercredi à 91 ans.
Témoignage de la torture perpétrée par l'armée française, qu'il avait subie en tant que directeur d'Alger Républicain (journal du Parti communiste algérien), son livre a été un immense succès avec 65 000 exemplaires vendus au jour de sa saisie, le 27 mars 1958. Quarante ans plus tard, Henri Alleg confiait à L'Express : «Je savais que si j'étais arrêté, je serais torturé, j'y étais préparé (...). Je n'ai gardé aucune rancœur à l'égard de quiconque; je considérais ces gens comme les instruments méprisables d'une politique».
«Alleg a payé le prix élevé pour le simple droit de rester un homme», écrivit Jean-Paul Sartre, et François Mauriac, dans son «Bloc-notes» du 27 février 1958, parla d'un «témoignage sobre» ayant «le ton neutre de l'Histoire». Le livre La Question a été transposé au théâtre en 2005 par François Chattot, pensionnaire de la Comédie-française.
«Appel des douze»
Né en juillet 1921 à Londres de parents polonais, Henri Salem, dit Alleg, arrive en avril 1940 à Alger et adhère un an plus tard au Parti communiste algérien (PCA), dont il sera membre du comité central jusqu'à sa dissolution en 1955. Il dirige le quotidien Alger Républicain de février 1951