En soi, la conversion de Français à l’islam n’a rien de nouveau. Mais le profil des convertis a singulièrement changé. Et chaque démantèlement de réseaux jihadistes vient confirmer cette évolution. Le tournant a été pris au cours des années 90. La période marque l’émergence des «convertis de la banlieue», dont certains, une toute petite minorité, se tournent vers le radicalisme jihadiste. Réservée longtemps à une élite, la conversion à l’islam s’est, à ce moment-là, popularisée. En 1996, le démantèlement du «gang de Roubaix» est la première affaire qui va mettre en scène ce nouveau type de convertis (qui plus est radicalisés).
Auparavant, choisir l'islam était essentiellement le fait d'intellectuels ou d'artistes, comme les célèbres René Guénon ou Louis Massignon qui furent, au début du XXe siècle, des pionniers. Dans cette liste, figurent aussi le sulfureux Roger Garaudy ou le danseur et chorégraphe Maurice Béjart. La plupart ont choisi le soufisme, la branche mystique et spirituelle de l'islam, un «islam chic», d'une certaine manière. En France, quelques figures incarnent toujours cette tendance comme l'islamologue Eric Geoffroy ou l'astrophysicien Bruno Guiderdoni.
Ricochet. Au cours des années 90, la «popularisation» des conversions est liée au travail de terrain mené par le mouvement ultraorthodoxe du Tabligh. Très prosélyte, actif dans les banlieues et particulièrement dans les quartiers difficiles, le Tabligh s'adresse (p