«C'est monstrueux ce qu'il a dit. Mes grands-parents sont morts dans les camps de concentration de Montreuil-Bellay, à une heure de route d'ici !» soupire Mario, vieux Tsigane sous assistance respiratoire assis dans sa caravane. Cholet, aire d'accueil des gens du voyage, hier. Sur l'écran plat de Mario, le patriarche, Gilles Bourdouleix, le député-maire de Cholet, se contorsionne pour justifier son ahurissant dérapage. Son «Comme quoi, Hitler n'en a peut-être pas tué assez…», à la une des journaux et en boucle sur les chaînes d'infos, ne serait que le résultat d'un «bidouillage», d'une «manipulation» de «petit merdeux de journaliste», martèle l'élu.
Parmi les «voyageurs semi-sédentaires» qui occupent depuis un an cette petite aire en bordure de la ville, la colère est rentrée. Froide. Aucun ne semble surpris. «Le maire, c'est bien lui, le Boche ! s'exclame Léonne, le visage buriné après presque quatre-vingts ans d'itinérance. Il est très méchant avec nous, tout le monde le sait. Y a qu'à voir comment on est installés ici.» L'aire d'accueil, avec ses emplacements de caravanes équipées de sanitaires et d'accès à l'électricité, est certes dans les normes prévues par la loi Besson. Mais bétonnée de toutes parts, dépourvue d'ombre et d'herbe et située en bord de route, sans accès aux transports en commun. Bref, le strict minimum. Ces Tsiganes ne font pas partie de la mission évangélique de 150 caravanes en provenance d