Il était temps. Douze jours après l'accident ferroviaire de Brétigny (Essonne), qui a coûté la vie à six personnes, le procureur de la République d'Evry, Eric Lallement, a ouvert, hier, une information judiciaire pour «homicides et blessures involontaires». Trois juges d'instruction ont été nommés. De retour de vacances, le magistrat a justifié cet important temps de latence par «la nécessité de s'appuyer sur des éléments clairs et objectifs, ce qui n'est pas évident face à une catastrophe grave aussi inhabituelle».
Durant quarante-cinq minutes, l'allocution du procureur a sonné comme une mise au point. Eric Lallement a d'abord confirmé que la piste privilégiée «est bien celle du basculement d'une éclisse». Toutefois, aucun élément ne permet de connaître à ce jour les raisons de ce basculement soudain. Les enquêteurs de la direction interrégionale de la police judiciaire ont saisi entre le vendredi, soir du drame, et le samedi «une quantité de matériel qu'il convient d'analyser minutieusement». Parmi les scellés se trouvent de nombreuses «vis, têtes de vis, éclisses, mais aussi les essieux des wagons ainsi que l'ensemble de l'aiguillage qui a été tronçonné». Ces pièces à conviction vont désormais être soumises à «des analyses métallurgiques confiées à des laboratoires indépendants». Ce n'est qu'après ces investigations, «qui seront probablement assez longues», que la justice sera en mesure de divulguer les causes «de l'absence, de la ru