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témoignage

«Encore une fois, je suis un sous-citoyen»

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Mariage pour tousdossier
Pour Hakim, l’impossibilité de se marier réveille des blessures héritées de son passé en Algérie.
publié le 2 août 2013 à 20h56

En 1988, lors des émeutes algériennes, Hakim Addat, 20 ans, contactait Libération pour témoigner de son calvaire. Il était l'un des premiers à dénoncer la torture des officiers algériens. Sévices sexuels, gégène, bastonnades, il a connu le pire. Dans les geôles de la sûreté algérienne, 200 personnes, dont Hakim, étaient appelées «une par une, pour passer à la torture, sous le regard effaré des suivants et des précédents», racontait-il alors (Libération du 23 novembre 1988). Jusqu'à ce qu'il parvienne à fuir pour se réfugier en France.

Mardi 30 juillet, vingt-cinq ans après, Hakim appelle une nouvelle fois le journal. «Je suis pacsé avec mon conjoint Stéphane depuis quatre ans et nous voulons maintenant nous marier», explique-t-il. Après un silence, ce jeune entrepreneur du Vaucluse pleure au téléphone. «Je reviens tout juste de la mairie et ils empêchent mon compagnon et moi de nous marier parce qu'il est français et que je suis algérien. Sur la fiche d'état civil à remplir, il y a une mention spéciale qui interdit le mariage gay à onze nationalités», précise-t-il. Le couple attendait depuis longtemps le mariage pour tous. «Enfin l'égalité», pensait-il. La date des agapes était déjà arrêtée, «tous les invités étaient conviés le 9 novembre, même l'adjointe au maire avait noté la date» , regrette Hakim, qui se voit renvoyé à son passé. «On m'a volé ma vie en 1988, je n'ai pas pu retourner en Algérie, ni