Aujourd'hui, ça gronde à Ferney-Voltaire, la ville du philosophe, où la seule librairie généraliste menace de mettre la clé sous la porte. lls sortent leurs documents de pochettes en plastique, la mine grave. La photocopie du Journal officiel annonçant la création de leur association. Un vieux Télérama titré «Et s'il n'y avait plus de librairies ?». Et une vingtaine de nouveaux bulletins d'adhésion.
Voilà maintenant trois semaines que Fadil Addadi, diplomate à la retraite, et Ruth Tirler, bénévole à la bibliothèque, ont monté ensemble l’Association des lecteurs de la Librairie centrale, dite l’Amilib. Trois semaines qu’ils mobilisent autour d’eux, de leurs familles jusqu’au garagiste de leur village, envoient des mails à tout va, repoussent leurs vacances, pour sauver leur librairie, placée depuis un mois en redressement judiciaire. Ironie de la situation ? La librairie en difficulté se situe à Ferney-Voltaire (Ain), commune de 10 000 habitants tout près de la frontière suisse, où l’écrivain-philosophe des Lumières passa une vingtaine d’années et y fit défiler dans son château toute l’élite intello d’Europe.
Pas sûr que l'auteur de Candide aurait apprécié. Mais, depuis le mois de janvier, la clientèle de la Librairie centrale se fait la malle. Un phénomène qui touche toutes les enseignes (-2 à 3% de baisse des ventes entre 2010 et 2012), mais de façon plus critique les moyennes et petites. «Difficile de faire face au remboursement du prêt et aux