Un million de touristes chaque année. Mais seulement 30 000 pèlerins. Si, au Moyen Age, Rocamadour, sanctuaire dédié à la Vierge Marie dans le Lot, fut l’un des pèlerinages les plus fréquentés de la chrétienté, le village d’une beauté à couper le souffle est désormais en partie aux mains des marchands du temple.
Dans la rue principale, les boutiques se succèdent. «Je n'ai rien contre les commerçants. Quoi qu'il en soit, Rocamadour n'existe - c'est évident - que parce qu'il y a le sanctuaire»,affirme Mgr Norbert Turini, l'évêque du diocèse de Cahors dont dépend le sanctuaire marial.
Vibrionnant. Le responsable catholique n'a pas l'esprit chagrin ni grincheux. Pragmatique, plutôt. Quand il est arrivé en 2004 à la tête du diocèse, il a d'emblée souhaité redonner du lustre à la présence de l'Eglise catholique dans ce lieu. «La première fois que je suis venu à Rocamadour, raconte-t-il, j'ai vu une foule qui courait dans tous les sens, si je puis dire. Ce qu'il fallait, c'était expliquer à ces gens la signification du lieu, qu'ils repartent avec une sorte de supplément d'âme. Je raisonne en termes de sens et de gratuité.»
Mais les choix de Mgr Turini relèvent aussi d'une «politique» spirituelle. Ce qui se passe à Rocamadour est emblématique d'une nouvelle façon de fonctionner de l'Eglise catholique.
La fuite des fidèles et la chute drastique du nombre de prêtres l'obligent à abandonner peu à peu son