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Libération
Interview

«Il titille les marqueurs»

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Pierre Henry Président de France Terre d'asile
publié le 21 août 2013 à 22h26

«Je pense que Manuel Valls s’est laissé prendre à sa stratégie de communication et à sa recherche effrénée de l’opinion majoritaire. Je suis persuadé qu’en réalité il n’a jamais eu l’intention de réformer le regroupement familial. Mais tout ce bruit permet d’adopter une posture. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle d’autres ministres et membres de la majorité lui sont tombés dessus : il a tellement titillé de marqueurs pendant l’été que quelqu’un dans la majorité a tout de suite exploité cette erreur de communication sur le regroupement familial.

«Ce qui est curieux, c’est que c’est Manuel Valls qui a lui-même théorisé pour François Hollande le silence sur les questions d’immigration pendant la campagne pour l’élection présidentielle. Et c’est d’ailleurs ce que le président de la République a rappelé [hier matin] : "On ne bouge pas sur l’immigration." Or la vraie question c’est : quand réforme-t-on en matière d’immigration ? Je ne crois pas une seconde que la loi immigration et asile sera adoptée avant les élections municipales. C’est dommage, vu l’état de la droite, et parce que l’honneur de la politique est d’éclairer, de faire de la pédagogie, d’avoir du courage en somme.

«Or, en matière d’immigration, il y a des décisions faciles et pas onéreuses à prendre tout de suite, et sans tomber dans le laxisme complet : ainsi on pourrait immédiatement abaisser la durée de la rétention ; rétablir le rôle du juge des libertés dans les procédures d’expulsion ; réformer l’accès au