Menu
Libération
EDITORIAL

Souffrance

Article réservé aux abonnés
publié le 23 août 2013 à 21h36

Non, nous n'avons pas perdu la tête. Le sexe occupe une part suffisamment importante de notre vie, l'été surtout quand le temps s'allonge et s'étire, pour que nous ne passions pas à côté de cette information révélée il y a peu par le New York Times et relayée, depuis lors, par la presse féminine : si les expérimentations en cours aux Etats-Unis s'avèrent concluantes, les hommes ne seront plus les seuls à pouvoir booster leur désir à coups de petites pilules bleues, vertes ou jaunes : les femmes auront elles aussi à leur disposition la molécule du désir. Après le mariage pour tous, le désir pour toutes ! L'enquête que nous publions dans ces pages, qui nous a menées de Baltimore à Genève, montre bien qu'il était temps de réparer cette injustice flagrante. Anecdotique en ces temps de crise ? Certainement pas si l'on sait que 10 à 30% des femmes, selon diverses études, n'éprouvent pas de désir sexuel. Une souffrance que l'on imagine d'autant plus grande que ce manque de désir n'a souvent rien à voir avec l'amour. Certes, et même s'ils s'en défendent, les labos pharmaceutiques ne travaillent pas sur le sujet pour la beauté du geste et le développement du râle. Tous ont en tête la manne que représentent les comprimés de type Viagra et que représentera demain la pilule rose. Mais ne boudons pas notre plaisir, c'est justement parce que nous sommes en crise et parce que trop de conflits grondent que nous avons envie d'écrire en lettres de feu : faites l'amour, pas la guerre