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Libération
Interview

«Des citoyens français depuis des générations»

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Marc Bordigoni, anthropologue, est l’auteur d’ouvrages sur les gens du voyage :
publié le 25 août 2013 à 22h26

Anthropologue, Marc Bordigoni est chercheur au CNRS. Il est l'auteur d'ouvrages sur les gens du voyage (1) et membre du comité scientifique de la revue Etudes tsiganes.

Cet été, lors de surenchères à propos du stationnement des gens du voyage, des élus ont réactivé l’amalgame avec les Roms…

En fait, ce sont deux populations très différentes. Les gens du voyage sont des citoyens français, parfois depuis des générations. Nombre d'entre eux sont des descendants des Bohémiens, installés en France depuis le XVe siècle ! A l'inverse, les Roms sont des migrants très récents, des réfugiés économiques venus de l'Est de l'Europe, notamment la Roumanie et la Bulgarie, où leurs conditions de vie sont très difficiles. Cependant, si les gens du voyage n'ont quasiment aucun contact avec les Roms, ils sont choqués par le traitement que ces derniers subissent, et notamment par la vision de nombreux enfants en bas âge vivant à la rue.

Comment expliquer la confusion récurrente entre les deux populations ?

C’est l’image de la caravane, qui permet de stigmatiser ces deux communautés qui, dans les faits, n’ont rien à voir. La très grande majorité des Roms étaient des sédentaires dans leurs pays. Les vieilles caravanes qu’ils habitent parfois dans les bidonvilles en France sont des abris de fortune. Elles n’ont pas roulé depuis très longtemps.

Les gens du voyage pour leur part se déplacent dans leurs caravanes régulièrement, pour poursuivre leurs activités économiques itinérantes (marchés, travaux agricoles, bâtiment…) et se regrouper en familles. Cette itinérance se concentre sur quelques mois dans l’année. Le reste du temps, ils ont des points d’ancrage établis de long