La crise de l'hébergement d'urgence de Clermont-Ferrand était prévisible, comme le prouvent des documents que Libération s'est procurés (voir fac-similé ci-contre).
Depuis plusieurs mois, l'Anef, l'association qui gère localement le 115 (1) et paye l'hébergement en hôtel des sans-abri, peinait à se faire rembourser les frais d'hôtellerie qu'elle avançait. L'Etat lui devait 2,3 millions d'euros. «Une somme énorme qui déstabilisait totalement notre trésorerie et menaçait la pérennité même de l'Anef», souligne Gilles Loubier, le directeur général de l'association. Pour tenter de se faire entendre, il avait demandé le soutien de la Fnars (2), qui fédère les associations travaillant dans le domaine de la lutte contre les exclusions.
Acuité.Le 9 août, la Fnars avait adressé une lettre très explicite à la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS) - placée sous la tutelle conjointe du ministère des Affaires sociales et du ministère du Logement - pour lui signifier l'acuité et l'urgence des problèmes : «Depuis plusieurs mois, les services […] de l'Anef […] vivent des difficultés financières jamais connues à ce jour. Celles-ci sont telles, que l'association sera en cessation de paiement courant septembre.»
Outre la date d'éclatement de la crise, le courrier indique, de manière toute aussi précise, les conséquences qui en résulteraient : «Si d'aventure aucune décision ne devait être prise» d'ici là,<