Ils sont trois. Crâne rasé, chemise blanche, à carreaux, ou tee-shirt gris. Ont entre 18 et 25 ans, sont sans emploi ou intérimaires. Ils comparaissaient hier devant la septième chambre du tribunal correctionnel de Lille (Nord) pour avoir, le 17 avril, commis des violences à l’encontre du gérant et d’un serveur du bar lillois ouvertement gay le Vice Versa, et tenu des discours à caractère homophobe.
Ce soir-là, ils sortent de la manifestation contre le mariage pour tous, vêtus de sweat-shirt à capuche, et s'approchent du bar. «J'ai vu à leur regard que cela allait partir en vrille», explique un serveur. L'un des skins s'approche du gérant, qui lui a demandé s'il y avait un problème, et lui lance : «Ta gueule, pédé, si t'as des couilles tu me regardes dans les yeux.»
Un meneur prend ensuite une chaise et porte un coup sur un barman, puis les trois frappent la vitrine à coups de chaise et de table. Une mêlée s'ensuit, et le personnel d'un bar voisin intervient, faisant fuir les agresseurs, qui, avant de partir, s'en prennent aux clientes de l'établissement, les traitant de «filles à pédés». Une patrouille de police, avec à son bord l'un des gérants du bar, a tôt fait de les retrouver et de les appréhender.
Penauds. A la barre du tribunal correctionnel, les skins ont perdu de leur superbe. Ils sont penauds et parlent dans leur barbe, et, à les entendre, ils n'ont rien fait et rien dit ce jour-là. Jean-Philippe Boutho