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Interview

Patrick Pelloux : «La violence est indissociable de l’exercice de la médecine d’urgence»

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Patrick Pelloux, président de l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF), revient sur les récentes agressions de personnel soignant à Marseille et appelle à repenser les dispositifs de sécurité dans les hôpitaux.
Un patient au service des urgences de l'hôpital Nord de Marseille, en février 2012. (Photo Anne-Christine Poujoulat. AFP)
publié le 5 septembre 2013 à 12h32

President of the Association of Hospital&squot;s Emergency Doctors, Patrick Pelloux  poses on April 6, 2008 during the Cit? de la R?ussite in Paris. This year?s key focus of the Cit? de la R?ussite was "Commitment". Since 1989, La Cit? de la R?ussite has gathered students from Europe?s most prestigious universities and elite schools to listen to an exceptional panel of speakers coming from various backgrounds. Tackling political, cultural and scientific issues, it is highly regarded as a forum for reflection, debate and discussion in order to better understand the world of today and to envisage its foundations of tomorrow.    AFP PHOTO/FRANCOIS GUILLOTLa révélation par le quotidien La Provence d’une «prise d’otage» dans un service d’urgence de Marseille au mois d'août, quelques semaines après l’agression d’un infirmier urgentiste dans la même ville, entretient le débat autour de l’insécurité dans les hôpitaux. Patrick Pelloux, président de l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF) appelle à garder la tête froide et à repenser les dispositifs de sécurité dans les hôpitaux. (Photo AFP)

Peut-on parler d'une aggravation de l'insécurité dans les hôpitaux ?

Le milieu hospitalier est le miroir de la société. Il n’est donc pas étonnant que dans un contexte aussi violent que celui de Marseille, où l’on assiste à des fusillades à l’arme de guerre toutes les semaines, il se passe des incidents aussi graves dans les services d’urgences. Mais je voudrais rappeler que l’une des raisons qui nous a poussés à créer notre syndicat il y a seize ans, c’était déjà la violence dans nos services. Cette année là, en 1998, une fusillade s’était terminée par un mort au CHU du Kremlin-Bicêtre. En 2004, nous avions été reçus par Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur à l’époque, suite à l’évasion violente d’un prisonnier des urgences de Nice. On fait face quasiment tous les ans à un fait-divers de ce type. C’est donc un phénomène régulier et permanent. Au fond, la violence est indissociable de l’exercice de la médecine d’urgence. On est au cœur des situations de crise ; on soigne les agresseurs comme les victimes, ça fait partie du métier.

Vous sentez-vous soutenus par la direction des hôpitaux ?

Les directeurs d’hôpitaux ne veulent pas qu’on en parle, on le voit bien avec cette histoire de prise d’otages à Marseille. Ils pratiquent la politique de l’autruche et refusent de voir les problèmes. Pire, la plupart du temps, sous prétexte qu’il ne faut pas mettre de l’huile sur le feu, ils ne font pas suivre les plaintes ou dissuadent le personnel hospitalier d’alerter la police.

Avez-vous des solutions pour endiguer les comportements violents ?

On demande depuis longtemps de pouvoir disposer dans les services d'urgences d'un système d'alerte immédiate à la police, un disposit