«C’est un subterfuge anti-islam»Nacira Guénif-Souilamas, sociologue, anthropologue et spécialiste des questions de genre, de racisme et des discriminations, estime que la charte vise les musulmans :
«Pourquoi une charte sur la laïcité ? Quel est le péril ? Qui faut-il rassurer ? On peut se poser la question. Y a-t-il eu des cas où des enfants à l’école primaire ont empêché leurs enseignants de faire cours en leur opposant des arguments religieux ? C’est cela qu’il faudrait établir. J’ai l’impression qu’on met beaucoup d’énergie autour de ces questions de laïcité, énergie qui aurait pu être utilisée à des enjeux plus importants.
«Il y a par ailleurs dans cette charte, telle qu’elle a été annoncée par Vincent Peillon, quelque chose qui me gêne beaucoup : c’est l’emploi du mot «valeur». La laïcité n’est pas une valeur. N’en déplaisent à celles et ceux qui essaient de nous faire croire le contraire, en agitant la peur d’une «valeur» en baisse, ce qui mettrait en péril la démocratie. Oubliant que la laïcité n’est pas une condition de possibilité de la démocratie. La laïcité est un principe politique, établi par le droit, et un instrument de gouvernement qui permet d’organiser les rapports dans la société. La laïcité est d’abord un bien commun et non un étendard que chacun peut hisser à tout bout de polémique. Cette définition du bien commun est intéressante, car elle signifie que tout le monde peut se l’approprier.
«Plusieurs autres éléments me heurtent dans le contenu annoncé de cette charte. La laïcité devrait garantir l’égalité entre les filles et les garçons - ce qui est très contradictoire avec les récentes déclarations de Peillon sur le fait que la théorie du genre n’exi