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Critique

Vélez, architecte végétarien

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Un portrait captivant du maître colombien du bambou.
publié le 6 septembre 2013 à 19h46

«Je suis un architecte de toits.» Simón Vélez aime à répéter cette formule pour caractériser son art et sa manière. «Il a réalisé ce joli paradoxe que beaucoup ont seulement rêvé d'accomplir : construire un édifice en commençant par le toit», explique Pierre Frey, auteur d'un livre consacré au maître du bambou.

L'architecte colombien est en effet un amoureux de ce végétal, qui pousse comme du chiendent et qui constitue l'élément essentiel de ses constructions. «Sur la planète, il y a 90 genres de bambous, subdivisés en 1 100 espèces, dont une bonne moitié vit en Amérique, dans une zone comprise entre le sud-est des Etats-Unis et le Chili», poursuit Frey, qui s'attarde sur l'espèce de prédilection de Vélez : les bambous Guadua. Lesquels possèdent bien des qualités, en particulier, s'agissant de bâti, celle d'une résistance à toute épreuve. A condition que l'on sache s'en servir, ce que Simon Vélez a appris tout petit, chez lui.

Mais le Guadua a d'autres vertus que Frey résume ainsi : «On prend un matériau naturel, disponible sur place, à faible coût et qui présente, en plus d'un excellent bilan environnemental, des performances dignes des matériaux high-tech». On l'aura compris, Vélez est de la race des pionniers, en l'occurrence de ceux qui, sans dédaigner le béton armé ni l'acier, utilisent des productions locales, non exportables, ni délocalisables. S'il prône une «architecture végétarienne», il refuse pourtant d'être ran