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Libération

Cette guerre qui nous fait rentrer la tête

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par Philippe DJIAN
publié le 13 septembre 2013 à 22h02

1) La voix de Laura Marling quand elle chante I Saved These Words For You. Je ne sais pas. Elle réduirait une muraille en miettes, non ? Je l'écoutais, l'autre soir, seul, dans la pénombre, et je me tenais aux accoudoirs de mon fauteuil. L'air tiède emplissait mes poumons. J'étais sidéré par l'effet qu'elle produisait sur moi. Je l'écoutais en boucle et elle m'électrisait littéralement. J'étais resté amoureux de PJ Harvey durant des mois, fin 1999, ou encore de Wendy McNeill après la sortie de son premier album.

2) Fin d’été 2013. J’hésite entre stocker des bonbonnes d’eau ou de l’alcool. Je suis content d’avoir arrêté de fumer. C’est un souci en moins. J’ai téléchargé une centaine de livres et j’ai au moins trois mille albums dans mon téléphone. J’ai des tonnes de films à portée de la main. Je préfère être aujourd’hui qu’hier, si vous me le demandez. Au cas où nous rentrerions en guerre.

3) Je ne savais pas si ce garçon était un débile profond ou s'il plaisantait mais il a bien collé son œil grand ouvert au goulot d'une bouteille de vodka et renversé la tête en arrière. «Histoire de se bourrer la gueule un peu plus vite», me dit-il. J'ai opiné.

4) Des vautours fauves ont tourné longtemps au-dessus de la maison, ce matin, portés par le vent d'Espagne. Puis on apprend qu'un train a déraillé près de Compostelle, il y a une vidéo de l'accident. On nous passe des images de désespoir et de douleur humaine. On nous passe les mêmes images des dizaines de fois, ad