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Libération

«House of Cards», la fin de l’utopie

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publié le 13 septembre 2013 à 22h02

Les sériphiles - au moins ceux qui croient qu'il y a une vie avant Game of Thrones (GoT) - se souviennent d'une excellente série télévisée, A la Maison Blanche (The West Wing) qu'on pouvait voir en soirée sur un écran de télévision dans les années 2000. Diffusée sur NBC de 1999 à 2006, elle proposait sur la 2 en France, avec quelques mois de décalage, une totale fiction : un président américain brillant et cultivé, Jed Bartlet (Martin Sheen revenu d'Apocalypse Now) animé du sens de la justice, prix Nobel d'économie, lecteur de Foucault… Engagée dans le progrès social et la défense des libertés, son équipe de conseillers, C.J. Cregg, Josh Lyman ou Toby Ziegler, dont les échanges et modes d'expression singuliers étaient orchestrés par Aaron Sorkin (on retrouvera avec plaisir ce style conversationnel dans The Social Network), formaient le public au sens démocratique et à l'intelligence collective.

Le monde de A la Maison Blanche et ses héros étaient porteurs d'un idéal non réalisé, par une représentation inversée de la réalité politique américaine d'alors (le bushisme réactionnaire, imbécile et guerrier). Ce qui correspondait bien à un concept de la démocratie qui, dans la perspective perfectionniste d'un Ralph Waldo Emerson et d'un Henry David Thoreau, serait l'utopie d'un monde ultérieur - objet d'exigence et d'espérance, toujours à venir. Encore que : la dernière saison de A la Maison Blanche (2006) s'achevait sur l'électi