Ils ont grandi ensemble dans le quartier des Beaudottes à Sevran (Seine-Saint-Denis). Enfants d'immigrés élevés dans un quartier où plus de 80% de la population vit en HLM et où 60% des jeunes adultes n'ont pas le niveau bac. Eux ont réussi à se faufiler entre les statistiques et les clichés. Ils ont fait des études supérieures poussées et sont devenus analystes financiers, ingénieurs ou juristes. Voyant leur quartier s'enfoncer dans la crise, ces trentenaires surdiplômés et suroccupés ont décidé d'agir au-delà des petits services qu'ils rendaient déjà autour d'eux, et de faire ce qu'ils revendiquent comme du communauty organising. Un principe importé d'Amérique, popularisé lors de la première campagne de Barack Obama, reposant sur la prise en main d'un problème collectif par les citoyens.
«Il y avait l'idée de montrer qu'on peut s'en sortir en grandissant ici […]. L'éducation nous a paru la manière d'agir la plus efficace», explique Mohamed Ghilli, l'un des fondateurs de l'association Idées, acronyme d'Initiatives des diplômés pour l'éducation et l'emploi des Sevranais. Montée en 2010, Idées accueille surtout des collégiens et lycéens pour faire de l'accompagnement scolaire, de l'orientation, «et surtout pas du soutien ou de l'aide aux devoirs». Ils préfèrent le terme coaching. Concrètement, ils apprennent aux élèves à gagner en autonomie et en méthode de travail, montent des prépas-bac, des voyages linguistiques, des sorties culturelles o