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TRIBUNE

L’autorité du passé plutôt que celle du droit?

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par Pascal MBONGO, professeur des facultés de droit à l’université de Poitiers
publié le 16 septembre 2013 à 21h36

La «Charte de la laïcité» promue dans les établissements scolaires publics par Vincent Peillon est-elle dirigée «contre l'islam», comme certains ont pu le faire valoir ? Oui et non. Oui, s'il s'agit de dire que les «problèmes» qui en ont justifié la rédaction sont quasi exclusivement indexés à des revendications portées au sein du service public de l'école par des usagers de confession musulmane. Non, s'il s'agit de dire ou de suggérer que la charte est travaillée par de mauvais affects à l'égard de l'islam.

Pour ainsi dire, l’argument tiré de l’«islamophobie» de la charte a surtout montré ce que ce concept a lui-même de problématique : il tend à analyser comme rejet de l’islam toute considération politique ou juridique de certains problèmes posés par certaines pratiques justifiées par l’islam dans des sociétés libérales. D’une certaine manière, ce concept semble même contre-productif puisqu’à force de ne désigner comme repoussoir que les «discours médiatiques» ou les «discours politiques» sur l’islam - l’«islamophobie» étant inscrite dans cette perspective dans un mouvement vertical descendant des élites vers la société -, il ne permet pas de prendre la mesure de ce que, en réalité, l’hostilité à l’islam travaille puissamment les sociétés européennes, Amérique du Nord comprise. Et il faut tenir compte de ce que cette hostilité n’est pas réductible à tout ou partie des électeurs des partis dits «populistes» (l’expérience nous la fait rencontrer régulièrement