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Libération
TRIBUNE

La seule vraie menace contre la laïcité : le sectarisme laïc

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publié le 16 septembre 2013 à 21h36

Dans les écoles publiques dont je rêve, les jeunes filles avec voile et les garçons avec kippa ou avec turban auraient toute leur place. Une institution laïque se doit d’accepter des jeunes de toutes confessions en respectant leurs prescriptions. Tout jeune professeur en 1968, je me suis battu pour le droit à l’expression politique des élèves. La laïcité n’a rien à voir avec ce côté lisse qui exclut toutes les aspérités et les contradictions de notre société. Elle se doit de les accepter et de trouver les formes de leur coexistence. D’où mon indignation à l’exclusion de chaque élève pour port de voile de kippa ou de turban. Je suis même persuadé qu’à la fin d’une scolarité fondée sur la liberté la majorité des élèves entrés avec foulard et kippa ressortiront sans. C’est ça, pour moi, le vrai pari de l’école laïque.

Je dirai même plus. Pour moi, dans un établissement public et laïc, il pourrait y avoir des enseignants non seulement croyants, ce qui est évident, mais appartenant à un ordre religieux - curés, pasteurs, rabbins, imams, «bonnes sœurs» - avec tous leurs insignes, d’où mon indignation à l’idée d’une nouvelle loi permettant d’exclure définitivement une employée de crèche parce qu’elle portait un foulard. Après 1968, mon nom était à lui seul un insigne visible d’appartenance politique, car je n’ai jamais renié la proximité avec les idées proclamées par mon frère, Daniel, je me suis même vanté de les lui avoir soufflées. Combien de professeurs marxistes ont marqué leur