Ce sont de jeunes retraités actifs, plein de peps. Ils ont une vie bien remplie, courent à droite à gauche, bouquinent, jardinent… Mais parfois, ils oublient. Des petites choses, rien de bien méchant. Seulement, ils s’angoissent : «Et si c’était Alzheimer ?»
Certains consultent. Nous nous sommes rendus au centre mémoire de Lille, comme il en existe une trentaine en France. Un long couloir, au rez-de-chaussée de l'hôpital Roger Salengro, avec de part et d'autre des salles de consultation, quelques chambres et des blouses blanches qui courent partout. 3 000 patients sont passés par là l'année dernière, dont 1 000 pour la première fois. «Avant, nous n'avions que des patients très âgés. Maintenant, on a de plus en plus de 55-60 ans qui viennent nous voir parce qu'ils s'inquiètent. Ils sont à un âge où ils ont souvent à charge un parent âgé et, pour peu qu'il ait Alzheimer, ils craignent l'avoir aussi», explique Stéphanie Bombois, praticien hospitalier. Sur l'ensemble des consultations, un tiers sont diagnostiqués «Alzheimer ou apparentés».
Pierre, Marie et Véronique sont venus consulter. Ils ont passé des tests cognitifs, accompagnés d’imageries médicales (IRM) pour repérer d’éventuelles lésions cérébrales. Ils racontent. Tous les trois ont tenu à ce que leur prénom soit changé pour que surtout, on ne les identifie pas. L’étiquette Alzheimer est très (trop) lourde à porter, assurent-ils. Le simple fait d’être suivi pour des troubles de la mémoi