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Libération
EDITORIAL

Ambigus

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publié le 20 septembre 2013 à 22h16

Il est des mots qui font naître le débat. Des mots ambigus qui dérangent, qui inquiètent et qui traduisent des maux profonds. Islamophobie est de ces mots-là, rejeté par les uns, adopté par les autres, instrumentalisé par beaucoup. La sémantique oblige à dire que le terme est impropre. Au sens premier, «phobie» signifie tout simplement «peur irraisonnée», avec une dimension paranoïaque. Comme si on avait peur des musulmans. Aller dans ce sens-là signifierait que l'islam représente une menace. Ce qui est une ineptie. C'est bien pour cela que le mot est piégé, puisque les extrémistes l'ont détourné à leur profit, en en faisant le paravent de toute critique de leur religion et en qualifiant tout incident d'«islamophobe». Tout cela avec la claire intention de remettre en cause le pacte républicain. Dans le même temps, on se doit de reconnaître que le mot est entré dans le langage courant, et recouvre aussi une réalité : celle d'un rejet antimusulman qui existe bien en France, avec des actes de racisme en augmentation. Dans un contexte si sensible, il serait bon de revenir au sens des mots et de s'interdire une bonne fois pour toutes le recours à celui qui fâche. Il n'y en a pas besoin. C'est à la justice de sanctionner toutes les discriminations antimusulmanes quand elles sont avérées, et c'est à la société de mieux les appréhender afin, notamment, de mieux les combattre. Pour le reste, l'islam - comme toutes les religions - doit s'accommoder des lois de la République d