A sa façon de regarder sans cesse à droite, à gauche, partout autour, à son pas hâté, on sait que c'est elle. Elle qu'une quinzaine de journalistes attendent aux portes du palais de justice de Lille. Elle dont les grands yeux bruns écarquillés, la voix craintive (elle s'excuse, elle ne «peut pas» parler, il vaut mieux «laisser du calme sur tout ça») impriment quoi qu'on en veuille un fort air juvénile. Elle, Claire B. (1), 33 ans, professeure d'anglais au collège Louise-Michel de Lille. Sa liaison avec une de ses étudiantes mineures, de 19 ans sa cadette, a inspiré les médias lors de sa révélation au mois d'avril. «Passion interdite», amours contrariées aux marges de la société pour les uns, «pédophilie» pour les autres, le débat s'est enflammé.
Hier, Claire B. comparaissait pour «atteinte sexuelle sur un mineur de 15 ans par personne ayant autorité». Dans la salle des pas perdus du palais de justice de Lille, avant le début de l'audience, ex-prof et élève se trouvent à nouveau confrontées. Dans un coin, Amina, frêle silhouette en jean, se tient près de sa mère. A l'autre bout, Claire B. Elles échangent des regards appuyés. Au magazine Causette, le seul média à qui elle s'est confiée, l'enseignante a dit qu'elle n'était pas une prédatrice. Qu'elle considérait Amina comme l'amour de sa vie. «Quand elle était en face de moi, j'oubliais son âge.» Le mensuel s'est fait accuser d'apologie de la pédophilie, et a publié