A croire les déclarations à droite mais aussi à gauche, à lire les manchettes de nos confrères, la France est confrontée à une menace rom. Un journal qui se dit libéral a dénoncé hier, carte à l'appui, «la France des campements roms», tandis qu'un hebdomadaire d'extrême droite sombrant dans le caniveau a titré «Roms l'overdose» sondages à l'appui. La droite si proche de sa branche extrême espère en faire son beurre électoral. Même la candidate socialiste à la mairie de Paris s'y met, refusant que la capitale devienne «un campement géant». Risque imaginaire : la France est l'un des pays d'Europe à accueillir le moins de Roms et cette population reste stable depuis des années, avec environ 20 000 hommes, femmes et enfants venant de pays membres de l'Union européenne. Le Rom apparaît comme l'étranger ontologique et dangereux. C'est Sarkozy qui a, dans le discours de Grenoble, libéré la parole politique, stigmatisant et dénonçant publiquement pour la première fois depuis la guerre une communauté.
Les familles roms et leurs enfants sur les places des grandes villes de France, leurs campements, sont autant de verrues honteuses de nos sociétés nanties. Certes, peu de Roms «s'intègrent», comme le dénonce Manuel Valls, l'homme qui «veut dire la vérité aux Français». Et alors ?
«La vérité», c'est de dire qu'il n'y a pas de «menace» rom. La «vérité», c'est aussi la liberté d'un peuple dans une Europe qui tire gloire de faire