Le docteur Jean-François Corty, directeur des missions France de Médecins du monde, déplore la stigmatisation «délétère» des Roms.
Comment percevez-vous les débats récurrents autour de la population rom ?
Il est dramatique que cela prenne autant de place dans l’espace public. On part sur de mauvaises bases, avec des stéréotypes et des clichés stigmatisants. Cette surenchère est malvenue, alors que l’on ne parle que de 15 000 à 20 000 personnes. Il y a des questions à résoudre, mais de là à en faire une question globale, c’est un très grave pas de franchi.
Les Roms n’auraient pas «vocation» à rester en France, selon Manuel Valls, en raison de leur «mode de vie» différent…
Dire des choses pareilles, c’est énorme et très étonnant. Les Roms sont des citoyens européens, roumains ou bulgares, et ils peuvent tout à fait venir s’installer en France. Pourquoi seraient-ils privés de ce droit, et pas d’autres ressortissants de l’Union ? Les Roms sont différents de nous, mais ce n’est pas pour autant que cela crée des problèmes de cohésion sociale. Ce discours montre nos problèmes à intégrer les étrangers et les populations précaires.
Quels sont les clichés véhiculés sur les Roms ?
Déjà, les Roms ne sont pas itinérants. Ils migrent pour des raisons économiques ou de stigmatisation dans leur pays d’origine, mais ils ne sont pas nomades. Ils n’aspirent pas à vivre dans des bidonvilles. Nous menons 3 000 à 4 000 consultations médicales par an auprès d’eux, et je peux vous dire qu’ils ne rejettent absolument pas la médecine moderne, les soins, la prévention ou l’hygiène. La majorité des Roms veulent travailler, mettre leurs enfants à l’école et ne pas être délogés régulièrement. Pour autant, on n’est pas dupes : on sait