En termes biologiques, affirmer que l’agencement sexuel d’un homme et d’une femme est nécessaire pour déclencher un processus de reproduction sexuelle est aussi peu scientifique que l’ont été autrefois les affirmations selon lesquelles la reproduction ne pouvait avoir lieu qu’entre deux sujets partageant la même religion, la même couleur de peau ou le même statut social. Si nous sommes capables aujourd’hui d’identifier ces affirmations comme des prescriptions politiques liées aux idéologies religieuses, raciales ou de classe, nous devrions être capables de reconnaître l’idéologie hétérosexiste mobilisant les arguments qui font de l’union sexopolitique d’un homme et d’une femme la condition de possibilité de la reproduction.
Derrière la défense de l’hétérosexualité comme seule forme de reproduction naturelle se cache la confusion fallacieuse entre reproduction sexuelle et pratique sexuelle. La biologiste Lynn Margulis nous apprend que la reproduction sexuelle humaine est méiotique : la plupart des cellules de notre corps sont diploïdes, c’est-à-dire qu’elles ont deux séries de 23 chromosomes. A contrario, les spermatozoïdes et les ovules sont des cellules haploïdes : elles ont un seul jeu de 23 chromosomes. La reproduction sexuelle n’exige pas l’union ni sexuelle ni politique d’un homme et d’une femme : ni hétéro ni homo, elle est un processus de recombinaison du matériel génétique de deux cellules haploïdes.
Mais les cellules haploïdes ne se rencontrent jamais par hasard. Tous