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Libération
Interview

«J’espère qu’après si longtemps on peut encore faire justice»

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Micha Shagrir, qui a perdu sa femme dans l’attentat, raconte comment, après des années de silence, il a été informé des progrès de l’enquête :
publié le 30 septembre 2013 à 21h46
(mis à jour le 30 septembre 2013 à 21h46)

Micha Shagrir, 76 ans, l’un des grands journalistes et cinéastes d’Israël, a perdu sa femme, Aliza, 32 ans à l’époque, brillante journaliste, qui marchait sur le trottoir de la rue Copernic, le 3 octobre 1980, partie acheter des pistaches à la boutique libanaise en face de la synagogue. Quand la moto piégée a explosé. Pendant longtemps il n’a pas parlé, ni cherché à savoir.

Ce terrible vendredi d’octobre 1980, vous étiez arrivé d’Israël pour rejoindre votre femme et votre fils à Paris…

On était invités à dîner chez Tamar Golan, la fameuse journaliste. Mon fils Hagai, qui avait 15 ans et demi à l'époque, était sorti avec sa mère de l'hôtel rue Lauriston. Je n'étais pas encore arrivé. Au coin de la rue Copernic, Aliza décide de tourner à gauche pour aller acheter de la pistache. «Attends-moi», dit-elle à Hagai. Je n'ai jamais demandé à Hagai où il était exactement à ce moment. La bombe posée sur la moto a explosé et tout le monde s'est mis à courir, m'a-t-il dit. Il cherche sa mère, il ne la trouve pas, rentre à l'hôtel Mont-Blanc, où je les attends. Ensuite nous allons dîner, pensant qu'Aliza sera là-bas. Elle n'est pas là. Plus tard, on fait le tour des hôpitaux, pensant qu'elle est blessée, personne ne nous donne aucune information. Il faudra quatorze heures pour apprendre qu'elle est parmi les victimes de la moto piégée, quand les policiers débarquent chez Tamar samedi matin en demandant à me parler. Ils m'interrogent comme si j'étais éventuellement le mec qui a posé la bombe. Ensuite ils interviewent Hagai. Enfin ils nous demandent de venir identifier Aliza à la morg