Diagnostic incontestable, Marseille est une des villes françaises les plus fragmentées socialement. Outre un centre demeuré populaire et un dualisme nord-sud, on y observe une géographie complexe de poches de richesse ou de pauvreté. En cause ? Non pas tant la violence qui fait la une des médias, que la spéculation immobilière et les projets publics-privés dans des zones restées populaires (port, entrée du parc des Calanques, collines du Nord, bord de mer). Parallèlement, on assiste à une tendance massive au cloisonnement de la ville en enclaves résidentielles fermées.
Depuis sept ans, les géographes de l’université Aix-Marseille, au sein du Laboratoire population environnement développement (LPED), suivent cette évolution et viennent de dénombrer 1 531 ensembles fermés contenant plus de 10 logements collectifs ou individuels, dotés d’au moins un espace commun et d’un ou plusieurs portails. Les trois quarts d’entre eux ont été clôturés depuis l’an 2000, la majorité a posteriori, répondant à la volonté active de leurs résidents.
Grillage. Les vastes et luxueux enclos de villas qui occupent quasiment toute la colline Périer (parc Talabot, les Alpilles…) sont si étanches qu’ils monopolisent plus de 80 hectares dominant la Corniche et la mer. Avec leurs murs, héritages des bastides d’autrefois, et leurs accès contrôlés par des sociétés de gardiennage, ils ont été précurseurs, sinon modèles.
Mais au-delà des «beaux quartiers» sélectifs, on observe partout, sauf