Pour le moment, c'est un chantier. Mais c'est surtout l'un des projets les plus ambitieux de la communauté musulmane en France. Enfin, celle d'origine turque. Pour une quinzaine de millions d'euros au bas mot, un campus franco-turc va voir le jour dès l'an prochain dans le quartier de Hautepierre à Strasbourg, à une quinzaine de minutes du centre et de la gare. A l'ombre d'un des plus grands hôpitaux de la région, l'environnement a la tristesse des périphéries, rempli d'immeubles d'habitations et d'un petit centre d'affaires éclos dans les années 70. «Nous devons mettre aux normes l'ancien centre de formation de La Poste qui accueillera les étudiants en théologie et désamianter deux autres bâtiments, dont l'un abritera le lycée», explique Saban Kiper, l'une des chevilles ouvrières du chantier, figure des milieux musulmans de Strasbourg et conseiller municipal socialiste.
L’ampleur et l’ambition du projet qui comprend aussi un internat ont un peu pris tout le monde de court. Et rend perplexe jusque dans les couloirs du ministère de l’Intérieur, chargé des cultes. Au départ, en 2010, il s’agissait seulement de former des imams issus des jeunes générations, celles qui ont grandi en France. Des imams franco-français, donc, comme on en ambitionne depuis une vingtaine d’années, capables «d’acclimater» l’islam aux normes des sociétés occidentales. Cette question de la formation est un véritable serpent de mer dont on discute depuis le milieu des années 90. Sans que l’on ait