L’affaire Bettencourt se fera désormais sans Nicolas Sarkozy. Six mois après la mise en examen de l’ex-président de la République pour abus de faiblesse, les juges bordelais, dont Jean-Michel Gentil, ont estimé que les charges étaient insuffisantes pour le renvoyer devant un tribunal correctionnel. Après trois ans d’enquête, cette décision signifie qu’ils n’ont pas pu prouver que le candidat Sarkozy a touché de l’argent liquide des mains de l’héritière de L’Oréal en 2007, alors que cette dernière se trouvait déjà dans un état de faiblesse. D’après nos informations, dans son ordonnance de renvoi, le juge Jean-Michel Gentil n’exclut pas que plusieurs rendez-vous ont pu se tenir entre l’héritière et le candidat, mais que l’existence de remises de fonds était impossible à établir. Lors du procès, qui devrait se tenir d’ici 2014 ou 2015 sauf nouveau coup de théâtre improbable, Eric Woerth sera donc le seul protagoniste politique.
Que signifie la décision des juges ?
Rarement une question aussi politique et polémique aura fait une telle unanimité judiciaire. De l'avis de nombreux avocats et magistrats, qu'ils soient sarkocompatibles ou carrément sarkophobes, la mise en examen de l'ex-président de la République en mars pour abus de faiblesse n'était pas justifiée. D'après eux, les indices graves et concordants, indispensables aux poursuites, manquaient cruellement au dossier. «Ce n'est donc pas le non-lieu rendu aujourd'hui qui est étonnant, mais plutôt la mise en examen de Sarkozy en mars dernier», confie une