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Libération
Interview

«C’est le signe d’une administration de la justice infiniment cohérente»

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Philippe Bilger estime que le juge Gentil ressort grandi de cette décision.
publié le 7 octobre 2013 à 21h56

Ancien magistrat, Philippe Bilger tient une chronique politique et judiciaire sur son blog «Justice au singulier». Cette personnalité classée à droite, mais très critique vis-à-vis de Nicolas Sarkozy, a soutenu le juge Gentil face aux violents dénigrements dont il a été l'objet de la part de proches de l'ex-président. Hier, sur son blog, il estimait que le non-lieu prononcé par le juge prouvait «la noblesse d'un métier ainsi réaffirmée».

Alors que sa décision de prononcer un non-lieu contre Nicolas Sarkozy semble fragiliser l’instruction du juge, vous demandez au contraire «des excuses pour Jean-Michel Gentil». Pourquoi ?

Je ne connais pas cet homme, mais j’ai trouvé odieux le harcèlement dont il a été victime de la part d’avocats et d’hommes politiques proches de Nicolas Sarkozy. Il faut dire, comme je l’ai déjà fait, que le quinquennat de celui-ci ne les avait pas aidés à comprendre ce qu’était un Etat de droit… Ils n’ont pas supporté que, depuis l’arrivée de François Hollande, les juges n’aient plus peur de se mettre à la hauteur de personnalités politiques impliquées dans des dossiers judiciaires. Je le dis d’autant plus facilement que cette liberté nouvelle est le seul crédit que j’accorde à Christiane Taubira. Face à cette guérilla, le juge Gentil aurait pu faire de la surenchère et renvoyer Nicolas Sarkozy devant un tribunal. Il ne l’a pas fait : il a écouté sa conscience, les règles du droit.

Mais mettre en examen un ancien président pour prononcer un non-lieu six mois plus tard, sans avoir effectué d’acte décisif entre-temps, n’est-ce pas donner une image de la justice inconséquente, voire politique et revancharde ?

La démarche procédurale de Jean-Michel Gentil lui était, je crois, coutumière. On peut critiquer sa technique d’instruction, mais elle est conforme aux règles de droit et à notre terreau républicain, contraireme