En février, il avait témoigné à la Conférence de consensus sur la prévention de la récidive, sur laquelle Christiane Taubira devait appuyer sa réforme. Il s'était présenté : «Sylvain, je suis en état de récidive. La première fois, je suis sorti au bout de douze ans sans aménagement [comme 80% des détenus, ndlr]. Je suis dans ma douzième année d'incarcération et je veux témoigner des longues peines, ceux dont on ne parle jamais, comme s'il n'y avait pas de solution.» Libération lui a transmis le projet de loi. Il nous a écrit sa déception.
«Les pistes choisies sont bien en deçà des attentes initiales. Le sentiment qui prévaut chez les longues peines et leurs familles, c’est que la réforme annoncée s’est trouvée stoppée au milieu du gué. Une fois de plus, l’espoir a été détruit, cet espoir déçu risque fort d’être le terreau propice à des comportements extrêmes.
«Si la contrainte pénale semble être une évolution sensée, qui évitera dans beaucoup de cas de ne pas aggraver la situation de personnes déjà fragilisées, il me semble regrettable de la limiter aux courtes peines, et de ne pas vouloir en faire profiter au moins les moyennes peines.
«Beaucoup de faits ont été judiciarisés, sous la droite notamment, et il me semble que cette contrainte pénale ne bénéficiera qu'à ces personnes qui, de toute manière, ne méritent pas une réponse aussi radicale que la prison. Il aurait été opportun de commencer par déjudiciariser nombre de délits actuels [