La scène est inédite. Sous une pile du pont Kitchener sur lequel passe l’autoroute A7 longeant la gare de Perrache, en plein cœur de Lyon, un magistrat déambule au milieu d’un immense squat entouré d’un petit groupe d’avocats. Ce vendredi, Gérard Gaucher, président d’une chambre du tribunal de grande instance de Lyon, devait statuer sur une demande d’expulsion de ce campement par la communauté urbaine – le Grand Lyon.
L'audience avait à peine débuté que le magistrat a annoncé, à la surprise générale, qu'il l'interrompait et allait la poursuivre immédiatement sur place. «Un transport sur les lieux est exceptionnel en matière d'expulsion, souligne Me Eloïse Cadoux, l'une des avocates des réfugiés. Cela permet au magistrat de savoir sur quoi il statue et permet à toutes les parties de prendre conscience du problème, pour trouver des solutions d'hébergement pour ces familles.»
Une fois sur le campement, le juge Gaucher a pris son temps. Il a passé une heure à déambuler au milieu des 142 tentes et de leurs occupants, et des tas d’immondices. A la fin de son déplacement, il a annoncé que l’audience était renvoyée au 16 octobre, après qu’il aura pris connaissance d’un rapport d’expertise de deux médecins, auxquels il a lui-même demandé de se rendre sur les lieux.
Pour Michel Jouard, habitant du IIe arrondissement de Lyon, qui alerte depuis des mois sur la situation de ces familles, la venue du juge est une bonne nouvelle. Selon lui, ce campemen