Vous avez aimé le racisme biologisant ? Vous adorerez le culturalisme naturalisant. C'est une manière beaucoup plus subtile d'exclure celles et ceux dont les façons d'être, de s'habiller, de parler et d'agir nous déplaisent. Jadis, des savants ont voulu attribuer à l'hérédité et à la physionomie (la forme du crâne, la couleur de la peau…) le fait d'avoir des instincts criminels, une tendance à la paresse ou le goût du lucre. Aujourd'hui, tout le monde, ou presque, a compris que ça ne tenait pas la route scientifiquement, et surtout, que ça pouvait vous faire mal voir, dans une démocratie digne de ce nom. D'où l'idée, née à l'extrême droite et qui a ensuite essaimé jusqu'au cœur de la gauche, de changer de référentiel : aux sciences sociales de prendre le relais des sciences de la nature, et à Mère Culture, plutôt qu'à Dame Nature, d'expliquer les comportements déviants et «antisociaux» des indésirables. Il faut reconnaître que c'est plus finaud, moins immédiatement suspect, mais tout aussi efficace pour exclure l'Autre : «Bien entendu que ce n'est pas dans les gènes des Arabes ou des Noirs subsahariens d'être violents ! Mais vous conviendrez avec moi que ça fait partie de leur culture.» De même, à propos des Roms qui viennent en France : «D'accord, leur incapacité à s'intégrer n'est pas inscrite dans leur ADN. Mais, voyez-vous, elle est profondément ancrée dans leur culture.»
Puisqu'il est désormais fait appel aux sciences sociales pour rejeter certaines pop