James Murat voulait mourir au milieu de ses vignes. Elles auront finalement eu sa peau. Empoisonné pendant plusieurs années par les pesticides qu’il épandait sur son domaine de Pujols (Gironde), le viticulteur est décédé en décembre des suites d’un cancer du poumon. Pour faire reconnaître la responsabilité des produits phytosanitaires dans sa mort, sa famille a décidé d’engager une action en justice. Car le cancer broncopulmonaire diagnostiqué à James Murat a une cause identifiée et démontrée : l’utilisation répétée et prolongée de substances contenant de l’arsénite de sodium, plus connue sous le nom d’arsenic.
Puissant fongicide utilisé durant des années pour lutter contre l’esca, une maladie de la vigne due à un champignon, l’arsenic est aussi hautement cancérigène. Il fut interdit en 2001 par le ministère de l’Agriculture, entraînant le retrait de plusieurs produits phyto dont le Mydipiral, le Pyralesca RS et le Pyralesca R, utilisés depuis 1980 par le vigneron. Pourtant, plus de dix ans après son retrait, l’arsenic continue de tuer ceux qui y ont été exposés. Le drame se joue en silence dans le monde paysan.
Étape. La fille de James Murat, Valérie, et sa femme, Monique, ont décidé de donner un visage à ces victimes afin que «les agriculteurs ne meurent plus dans l'indifférence»«tueurs professionnels». Vendredi, leur avocat, Me François Lafforgue, a déposé un recours devant la Commission d'accès aux documents adminis