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«Marche des beurs» : changement de pied

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La «Marche des beurs», trente ans aprèsdossier
Tirant les leçons de la mobilisation de 1983, la nouvelle génération de militants a profondément changé ses méthodes.
publié le 14 octobre 2013 à 21h06
(mis à jour le 15 octobre 2013 à 10h45)

Ils ne marchent plus. Au sens propre, comme au figuré. Trente ans après la Marche pour l’égalité et contre le racisme, - rebaptisée à l’époque «Marche des beurs» par les médias - la nouvelle génération de militants des quartiers populaires ne croit pas au grand soir. Sur cette marche qu’ils n’ont pas connue et dont ils n’ont pour la plupart appris l’existence que tardivement, lors de leur entrée en militantisme, ils portent un regard partagé entre admiration et désillusion. Admiration pour cette mobilisation partie de la colère de quelques jeunes des Minguettes, à Vénissieux (Rhône), qui a réussi en quelques semaines à rassembler 100 000 personnes sur le pavé parisien et à faire émerger dans l’espace public ces «deuxièmes générations», enfants d’immigrés réclamant leur pleine citoyenneté française. Désillusion de voir que les revendications portées par ces marcheurs d’outre-temps sont toujours d’actualité.

En 1983, la marche pacifique s’était enclenchée à la suite de violences policières, puis s’était élargie aux questions d’égalité des droits et à la lutte contre le racisme. En 2013, les ratonnades du début des années 80 ont disparu, mais les combats que mènent les militants pour les quartiers populaires n’ont pas vraiment changé : la lutte contre le racisme et les discriminations, le droit à l’égalité réelle et la lutte contre les violences policières.

«Pacifiste». Figure du militantisme des banlieues depuis les révoltes de 2005, Mohamed