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Quand les cités comptaient leurs morts

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La «Marche des beurs», trente ans aprèsdossier
Le début des années 80 fut marqué par le meurtre de dizaines de jeunes, souvent abattus en toute impunité.
publié le 14 octobre 2013 à 21h36

C'était avant que les murs des cités ne vieillissent et que leurs habitants ne désespèrent. C'était un temps où les jeunes des cités - la plupart issus de la première génération d'immigrés du Maghreb -, voulaient sortir de leur HLM et «aller en centre-ville» comme l'expliquait joliment Ahmed Boubeker, jeune immigré à Saint-Chamond (Loire) qui allait devenir sociologue.

Ils avaient 20 ans, à peine plus. Leurs parents vieillissaient, la guerre d’Algérie était loin, le shit n’avait imposé ni sa marque ni ses règles, le sida n’avait pas encore débarqué. Les beurs étaient là, entre deux chaises, mais voulant vivre comme tout le monde. Debouts. On s’en souvient peu mais, dans ces années-là, on leur a tiré dessus. Ils furent des dizaines de jeunes à se faire tuer dans une société qui jouissait alors d’un incroyable sentiment impunité.

Ombre.Tout le monde s'en désintéressait, la gauche la première. Le 13 janvier 1980, à 5 heures du matin, Yazid Naili, 21 ans, est ainsi abattu par un policier dans un terrain vague de Strasbourg. A Valenton, dans le Val-de-Marne, Ghruie Abdelkader est tué le 6 février d'une balle dans la tête, tiré à bout portant par un policier. A Marseille, Lahouari ben Mohamed est assassiné le 17 octobre par un CRS, lors d'un «contrôle de routine», sa mort provoquant alors une très forte mobilisation. Et cela a continué, au rythme de presqu'un par mois. En mai 1982, à Saint-Avertin, près de Tours, Mohamed Larbi est tué p