Ce sont deux récits qui se ressemblent et qu’on ne pourra jamais concilier. Deux histoires de violences qui s’enchaînent. Celles subies par Fred, 34 ans, fils d’un père alcoolique qui le frappait et battait sa mère. Celles infligées plus tard par Fred à Samia, son ex-compagne, qu’il a frappée et violée. L’histoire de Fred et Samia est tristement banale. Mais elle fait l’objet d’un traitement particulier, rare, par la justice : un procès devant une cour d’assises, ce qui devrait être la norme, et ne l’est pas. La plupart des affaires de viols conjugaux, pour des raisons de coût, sont renvoyées devant les tribunaux correctionnels, où les peines encourues sont bien plus faibles.
Métropole. Fred C., 34 ans, comparaît libre depuis hier et jusqu'à ce soir devant la cour d'assises de Créteil, pour des coups et viols infligés à sa compagne en décembre 2010. Il est le premier à s'exprimer, la voix grave, parfois étouffée. C'est un homme grand, solide, chauve, qui parle de lui petit garçon. Gamin des Abymes (Guadeloupe), où il est né. La première rupture de sa vie, le départ de ses parents pour la métropole alors qu'il a 1 an, le laissant avec sa grand-mère, il ne s'en souvient pas. Il se rappelle bien, en revanche, la seconde, quand un oncle l'arrache à son aïeule adorée. Il a 4 ans. Quitte la Guadeloupe, découvre un père et une mère qu'il ne connaît pas, une tour de Grigny (Essonne), et la violence. Son père, alcoolique, frappe sa femme et ses si