C'est l'histoire, singulière, d'un ancien juré d'assises qui se retrouve, sur le banc des prévenus, hier, au tribunal correctionnel de Meaux (Seine-et-Marne). Thierry Allègre est accusé d'avoir violé le secret des délibérations de son jury, dans une interview au Parisien, en avril 2011. Il y accusait - à visage découvert, fait rarissime - la présidente de la cour d'avoir influencé les jurés pour qu'ils condamnent plus sévèrement l'accusé.

«Serment». Hier, trois avocats entourent un homme. Il est appelé comme témoin : lui aussi faisait partie du jury. Le président le prévient : «Toute personne qui participe à un délibéré de cour d'assises est tenu au secret. Sans prétendre vous brider dans votre expression, je vous invite à faire preuve de prudence…» Le témoin est muet comme une carpe. Autour de lui, les avocats de Thierry Allègre tentent de lui soutirer quelques mots. «Nous ne vous demandons pas de violer le secret du délibéré…» rassure M^e Dominique Mathonnet. «Il faut qu'il le viole un peu quand même», reprend M^e Hubert Delarue. «Je cherche mes mots…» dit le quinquagénaire, sous l'œil du procureur, qui pourrait décider de le poursuivre lui aussi.«Mais c'est quoi la loi ?» s'alarme le témoin. «Vous risquez un an de prison», dit M^e Franck Berton. «Alors je reste sur la position du secret. Moi, j'ai rien demandé. Voyez le législateur, changez