Menu
Libération
TRIBUNE

Les Roms doivent-ils vivre dans l’indignité ?

Article réservé aux abonnés
par Patrick AEBERHARD, Ancien président de Médecins du monde et professeur associé de droit humanitaire à Paris-VIII
publié le 17 octobre 2013 à 18h06

Je les vois par la fenêtre de mon bureau. Trois ans que j’observe leur existence dégradante et le retentissement sur la population et l’environnement alentour.

Dans les années 70, le pouvoir avait éradiqué les bidonvilles de la banlieue nord de Paris. Ce progrès fondamental était le fruit d’une volonté politique de gauche comme de droite. Quelle régression !

J’ai connu les townships près de Johannesburg, dans l’Afrique du Sud d’avant Mandela. Je dirigeais, en tant que président de Médecins du monde, un programme anti-apartheid. Le ghetto d’Alexandra s’étalait près de l’hôpital ultramoderne de Witwatersrand. Choqué, je reprochais à mes collègues, les médecins locaux, d’accepter sans réagir pareille misère à leurs pieds. A ma grande honte, je dois dire que les conditions de vie du township d’Alexandra étaient bien moins catastrophiques que celles qu’affrontent en France les Roms que je vois place de la Porte de Paris à Saint-Denis.

Le pire, le summum de l’indignité, ce fut Noël 2012 : près de 700 personnes s’entassaient dans un manque d’hygiène insoutenable sur un terre-plein coincé entre deux bretelles d’autoroute. L’enfer du froid, de la boue, des rats et des fumées toxiques nauséabondes au cœur du développement urbain. J’étais révolté par les risques d’incendie et d’épidémie, et par les enfants qui traversaient l’autoroute à pied, frôlés par les voitures. J’ai fait la tournée des responsables politiques - maire de la ville, président de la communauté d’agglomération Plaine com