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Libération
TRIBUNE

Une trans à «Libé», c’était hier

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publié le 17 octobre 2013 à 18h06

Je suis rentrée à Libération en 1978, engagée par Michel Cressole, lui-même installé par Guy Hocquenghem, pour écrire des notices sur les films qui passaient à la télévision. Nous nous étions connus au joyeux Front homosexuel d'action révolutionnaire. J'avais fait mes débuts professionnels à la Cinémathèque de Langlois, Michel me demandait d'écrire sur les films qui passaient à la télé. Mon souvenir du Libération d'alors (salaire unique pour les privilégiés, piges à 25 francs le feuillet), c'est celui d'une comédie musicale. Les locaux de la rue de Lorraine et son annexe où on nous installa présentaient (à mes yeux) le plus joli désordre que l'on puisse imaginer. Je servais aussi «des rafraîchissements horizontaux» aux passants de Pigalle, j'allais au Bois (35 francs la pipe 70 francs l'amour).

De Perpignan, où je fus un moment la vedette d'un spectacle porno, j'envoyais des lettres à Michel Cressole. Je crois que c'est sur la foi de ces lettres qu'il m'engagea (notre amitié se scellait régulièrement par des échanges de livres, comme on échange son sang). Libération, c'était une délivrance. Jean-Luc Hennig, que j'avais croisé à Pigalle m'a, un jour, balancée. Avec Michel, nous étions tout au fond des locaux, tout le journal passa me mater, sous prétexte de demander les programmes télé… Michel me dit «ils vont avoir quelque chose à raconter chez eux en rentrant ce soir». Un phénomène de plus dans cette ménagerie où les atypiques ne