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Hanifa Taguelmint, pas à pas pour l’égalité à Marseille

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La «Marche des beurs», trente ans aprèsdossier
Cette fille d’immigrés algériens, qui avait participé en 1983 à la «Marche des beurs», a repris son combat il y a huit mois après que son neveu a été tué par un policier.
publié le 22 octobre 2013 à 19h46

Il y a quelques mois, Hanifa Taguelmint s’est mise à écrire. Ancienne de la Marche pour l’égalité et contre le racisme qui fête ses 30 ans, elle s’était retirée de l’espace public, comme la plupart des autres marcheurs. Jusqu’à ce qu’en février, l’un de ses neveux soit tué par un policier. Trente-deux ans plus tôt, c’est son petit frère qui avait été abattu par un voisin irascible. Les deux époques se sont entrechoquées et depuis elle écrit. Sur sa famille franco-algérienne, leurs premiers pas en France, cette marche de 1983, ces trente ans écoulés…

Elle est née en Algérie encore française, en février 1962. Son père, berger des Aurès, était parti travailler à Marseille. Avec sa mère, elles l'ont rejoint en 1966. Ils ont d'abord vécu dans un bidonville des quartiers Nord. Elle se souvient de la petite cour en terre battue que l'on arrosait à la main l'été, pour trouver de la fraîcheur, calmer la poussière. Du couscous au lait chaud. Des femmes qui achetaient quand elles le pouvaient des louis d'or, parce que c'est «le seul patrimoine transportable en cas de répudiation par le mari, de rejet par la France». Elle ne parlait que le chaouia (une langue berbère), a appris l'arabe dialectal dans le bidonville, puis à lire le français sur des journaux que ses cousins ramassaient pour les revendre au poids. «Nos parents étaient de parfaits illettrés, dit-elle. Mais, pour eux, l'école, c'était important.» Ne sachant pas lire, la mère s'énervait à chaque fois