Avertissement. Luc Le Vaillant, dans l'édition du 22 octobre de Libération, a imaginé une vie de cliente de la prostitution pour Najat Vallaud-Belkacem. Le débat sur la prostitution est nécessaire et légitime mais pour être utile, il ne peut pas être placé sur le terrain des fantasmes, des idées reçues et des mensonges. Proposons donc à Luc Le Vaillant une fiction plus réaliste, directement inspirée des multiples témoignages de prostituées, d'anciennes prostituées et des associations qui les aident.
Luc se prostitue. Quand Luc se lève le matin, il a mal aux jambes et aux mâchoires. Il a aussi mal à l'estomac, un peu tout le temps. Il a envie de dormir, d'oublier. Avec les clients, Luc n'utilise pas son vrai prénom : il se fait appeler Nicolas. Il n'utilise pas, non plus, toujours de préservatif, parce que certains clients refusent et qu'ici plus qu'ailleurs, le client est roi. Luc ment pour faire croire aux clients qu'il a toujours envie, qu'il consent, qu'il est d'accord. Il ment quand il leur fait des compliments. Mais sa réalité, c'est la violence du rapport sexuel, sans désir, répété plusieurs fois dans la journée. Luc ne veut pas des clients, il veut juste leur argent. Il y a ceux qui lui ont crié dessus, mis la main à la gorge, voulu renégocier le prix de la passe quand ils ont trouvé son sexe trop petit, vu sa cicatrice sur le torse, découvert ses dents abîmées. Il y a ceux que la société excuse, au nom d'une prétendue mis