Nous sommes à Saint-Maur-des-Fossés, une commune plutôt chic de l’est parisien, près de Créteil (Val-de-Marne). En bordure du stade municipal, parfaitement entretenu, deux préfabriqués en plastique gris, posés sur du gravier et entourés d’un grillage. Chaque hiver, quand les températures baissent trop, sont logés là des sans-abri, remis à la porte le printemps venu.
Depuis un an, vit dans les lieux une famille rom, originaire de Roumanie, que le maire Henri Plagnol (UMP) veut absolument déloger, déployant tous les argumentaires. «Je veux simplement faire appliquer le droit. La famille Constantina occupe depuis novembre 2012 ces préfabriqués. C'est une occupation illicite, un squat. Je les ai prévenus plusieurs fois : ils doivent partir.» Au départ, la famille avait pourtant été installée dans ces lieux par la municipalité, en remplacement d'un pavillon insalubre qu'elle squattait, en face de la mairie.
Evacuation urgente
Ce «squat» a été toléré jusqu'en juillet. Mais à l'approche de l'hiver, la municipalité a saisi le juge administratif en urgence, expliquant entre autres que «ces modules ont été installés pour permettre l'accueil de sans domicile fixe en période hivernale» et qu'il n'est donc «plus possible à un groupe de personnes de s'approprier un hébergement collectif et d'empêcher d'autres personnes d'y accéder en cas d'urgence.» En clair, le maire justifie l'urgence d'expulser des Roms… pour pouvoir loger d'autres sans-abri pendant la période hivernale