En ces temps de vaches maigres, les rapports sur la prostitution sont au menu. Celui de la députée Maud Olivier, qui reprend en grande partie les conclusions d’un précédent, celui du député Guy Geoffroy, en 2011, est déjà suivi de celui des sénateurs Jean-Pierre Godefroy et Chantal Jouanno. Et je n’oublie pas le rapport de l’Inspection générale des affaires sociales daté de 2012.
Qui dit mieux ? Et qui s’en étonne ?
La saison est aux rapports, groupes de travail et missions interminables. Cet empilement profite peu au changement de la société. Mais qu’importe ? La course technocratique est lancée.
Les personnes prostituées sont quasi absentes des rapports qui s’intéressent à leur sort. Même chose pour leurs clients, menacés d’amendes et de stages de rééducation (ils ont de justesse échappé à la prison). Ce que ces textes condensent et résument, le plus souvent, c’est la parole des institutions ou des associations «officielles».
Ces beaux rapports, qui soulignent eux-mêmes l'absence de travaux sérieux sur le sujet, ne parviennent même pas établir le nombre de prostituées en France. Sur quelles bases, sinon idéologiques, s'appuient donc leurs propositions ? Qu'est-ce qui les inspire, sinon un regain de fièvre moralisatrice ? Morale, qui, touchant notamment les socialistes et une certaine gauche se réclamant du féminisme, évoque les batailles du XIXe siècle entre prohibitionnistes et réglementaristes. Retour d'un hygiénisme social qui nie la complexité du phénomène, pour